Les yeux dans les yeux

profil

Phillipe, peux-tu nous expliquer comment tu as vécu ce burn-out et comment tu l’as surmonté ?

 » Je n’ai pas tout de suite compris ce qui m’arrivait car je n’ai jamais été dépressif, au contraire, j’étais et je suis toujours quelqu’un de jovial, qui aime rigoler. Ce n’est que plus tard que j’ai compris que j’avais eu au préalable des signes avant-coureurs, des tensions musculaires dans la mâchoire et le cou, le souffle un peu court et des décharges électriques dans ma jambe gauche. Les semaines qui ont suivi ce diagnostic de burn-out n’ont pas été simples. J’ai ressenti différents symptômes qui sont devenus mon quotidien.

La gorge serrée, l’agoraphobie, une hyper nervosité, la sensation de s’évanouir et parfois des pensées  suicidaires… j’étais incapable de penser sereinement, je me sentais comme un moins que rien, une épave à la dérive.

J’avais du mal à aller faire mes courses, tout se mettait à tourner autour de moi, j’avais l’impression que j’allais tomber dans le magasin. Si je devais acheter quelque chose dans une grande surface, je regardais par terre, je me faisais tout petit. Je mettais souvent des écouteurs avec de la musique, je me créais un espace d’un mètre carré sur lequel je me concentrais. Il a fallu accepter ce mal et me recentrer sur moi-même.

A l’époque, j’étais cadre dans une entreprise, président de deux associations. 

J’ai dû baisser mon rythme mais je n’ai jamais cessé de travailler et ladjonction de médicaments, le suivi par une psychologue et l’hypnose m’ont permis de me reposer et de faire sortir toute la haine que j’avais de cette situation et ainsi de tenir. Je me suis dit qu’il fallait que je trouve des moments de sérénité pour faire face aux périodes difficiles. Le combat psychologique est très important et épuisant. Aujourd’hui, j’ai une vie comme tout le monde et je me sens revivre car mes angoisses ont disparu.

profil

Est-ce ce problème qui t’as donné l’envie de construire ce projet Ocean Fifty ?

« C’est un mix de deux choses essentielles pour moi. Tout d’abord ma passion pour la voile. J’adore ça et depuis que j’en fais, j’ai toujours essayé de gravir les échelons et pour être plus performant. J’ai commencé à travailler dans la voile il y a 15 ans après l’avoir beaucoup pratiquée comme loisir.

 Aujourd’hui, j’ai envie d’aller plus loin en partageant ma passion grâce à un projet singulier qui me ressemble. L’humain est dans mon ADN aussi je me suis demandé ce que je pouvais apporter à une entreprise grâce à un tel projet car il ne  s’agit pas d’une simple ambition personnelle. Je veux lui donner du sens car il ne s’agit pas d’une simple ambition égoïste mais qui rassemble en communiquant sur ce thème qui me touche et que je connais.

 Il y a une chose dans ma vie qui a été un combat important dont je suis sorti victorieux, c’est ce combat contre les problèmes de santé mentale. Je peux en parler car je l’ai vécu, ce n’est pas pour moi un sujet tabou. Je souhaite être ouvert à ce sujet. De plus, je me sens légitime sur le plan sportif car j’ai passé beaucoup d’années sur l’eau pour m’améliorer et performer. Aujourd’hui, j’estime être totalement prêt à défendre un projet sportif et la cause sociétale qui va avec. »

profil

Qu’espères-tu apporter à travers ce projet ?

« Je régate à haut niveau depuis plusieurs années mais je n’ai pas un parcours classique. Par exemple, je n’ai jamais fait la Solitaire du Figaro, la Mini-Transat et encore moins le Vendée Globe donc il s’agit avant tout d’un projet axé sur la communication, le partage et l’aventure. Evidemment, j’aime la compétition mais là, elle ne constitue pas une priorité. 

Je veux avant tout parler de ce qu’il m’est arrivé et essayer de rendre la vie plus légère à ceux qui traversent une pèriode difficile. Ce que j’aimerais c’est que quelqu’un qui se sent perdu, qui souffre de problème de santé mentale et qui entend parler de mon histoire se dise : « Tiens si lui est heureux, il faut que je m’accroche, que j’y crois ». Il s’agit grâce à la voile: un sport où la liberté, la nature, le rêve et le dépassement de soi sont importants, de propager la joie et la sérénité.

  Ce que ce que je suis en train de faire est peut-être un peu casse gueule et difficile mais c’est comme dans la vie, il faut le prendre avec le sourire. C’est un projet que je souhaite tourné vers les autres ; c’est paradoxalement égoïste, mais si je fais le bien, çà me fait du bien aussi